La photographie m’a permis d’ouvrir la boite de pandore d’une mémoire qui clandestinement habitait en moi. Aussi loin que je puise dans mes souvenirs, j’ai toujours subi cette intense pression dans ma poitrine qu’il me faut aujourd’hui encore contenir. J’ai dans la pénombre, débuté il y vingt ans cette quête vers la lumière et cherché à mettre en images les récits oniriques que les réfugiés arméniens m’ont légués ...
Exil
J’ai puisé ces allégories dans mon imaginaire. Loin de constituer une étude scientifique, elles s’appuient sur les métaphores qui hantent mon esprit. Mon œuvre ne repose pas exclusivement sur un accouchement introspectif puisé dans l’héritage de mon histoire. Elle est par-dessus tout torturée par les fantômes qui peuplent ma mémoire.
Déni ...
Ces symboles habitent à l’intérieur de moi, ils me dévorent et j’éprouve le besoin irrépressible de les faire émerger de mon âme et de me rendre dans l’antre informe de cette histoire afin que le miracle photographique se produise, exhumant les vivants des ténèbres. Ainsi l’arôme des parfums disparus se libère de l’amphore. Sur cette terre sacrée j’ai découvert des pièces secrètes enfouies dans mon inconscient où des visages inconnus mais étrangement familiers apparurent. Certains m’ouvrirent le livre secret, d’autres le tinrent fermement clos. Tous pourtant me donnèrent le sentiment de savoir pourquoi j’étais là ...
Antoine AGOUDJIAN
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