Continent à part entière et pays multiethnique où l’on parle plus de cent langues, ni occidentale, ni entièrement slave, la Russie intrigue et fascine. Derrière les cartes postales des bulbes dorés, la vodka festive et l’âme «introuvable» qui vous ramène à chaque fois dans ce pays, la Russie échappe à tout étranger.
Pour photographier la Russie, je me suis plongé dans la lecture du Docteur Jivago, prix Nobel de Boris Pasternak. Cette œuvre retrace une époque longue et difficile où la poésie tente de résister face aux idées de la révolution Bolchevique. Lors de mes 5 voyages de 2011 à 2014, j’ai reconsidéré l’exil géographique du Docteur Youri Zhivago de Moscou et Saint-Petersbourg, puis les villes souveraines, le Tatarstan, l’Odmourtie et enfin l’Oural, sa campagne refuge. J’ai constaté une Russie mélancolique, chaotique, grinçante et qui semble abandonnée dès les abords de Moscou.
La Russie est pour moi un des derniers pays où la nostalgie et la mélancolie sont sensiblement visibles. Entre exotisme rouge et roman aux lignes grisâtres, la Russie est un enchantement de spleen. Lorsque j’avance sur les chemins des grands Russes, cet immense décor accidenté d’un passé cabossé m’enjôle bizarrement. Le docteur Jivago est le roman du malaise comme cet itinéraire géopoétique. Je ne me lasse pas de photographier cet empire à part.
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