Mon grand-père dans les années 30 était employé « aux chemins de fer du midi de la France », à cette époque-là il travaillait sur le ballast la nuit ou le jour, sous la pluie ou le soleil. C’était l’époque du grand programme d’électrification des lignes de chemin de fer.
Deux passions occupaient alors son esprit, le train et la photographie. Si le train ne l’a pas trop éloigné de sa maison, la photographie par contre, l’a fait voyager bien plus loin.
Quand au petit matin il rentrait de son travail, après un bon café chaud, il avait pour habitude de s’enfermer sous l’escalier, dans son laboratoire improvisé pour développer les plaques photographiques des clichés du dimanche.
Je l’imagine facilement à la lumière rouge de son laboratoire, rêver à des pays lointains, à des animaux sauvages croisés lors de grandes expéditions dans la savane. Rêver à toutes ces peuplades indigènes qu’il aurait pu rencontrer, à ces villages dans lesquels il aurait pu se reposer et à ces senteurs équatoriales qui l’auraient enivré. À ce jour, il ne reste qu’une dizaine de boites dans lesquelles sont soigneusement rangées les plaques de verre, témoignage d’une vie, d’une part de rêve.
À sa mort, j’ai hérité de ce trésor et à partir de ses photos j’ai donné vie à son rêve et imaginé cette fiction qui raconte « Le voyage imaginaire de l’explorateur Sir James Baker » et qui n’est autre que le rêve abouti de mon grand-père. Toutes les images qui composent ce récit de voyage ont pour support les plaques photographiques de mon grand-père sur lesquelles j’ai superposé mes propres images permettant ainsi la transposition de son rêve.
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